"Il y a deux ans, presque jour pour jour, les Arabes ont reçu une claque quand Tony BLAIR a gagné les élections pour la troisième fois de suite, lui qu'ils avaient donné perdant , qu'ils avaient imaginé mal aimé du peuple, rejeté par l'opinion publique, prêt à tomber à la première occasion. Cinq mois plus tôt, c'était George W. BUSH qui avait été réélu pour un second mandat. Là aussi, les Arabes s'étaient réveillés avec la gueule de bois, eux qui avaient pris leurs rêves pour la réalité et étaient convaincus que la méthode Coué suffisait pour changer le monde, eux qui avaient lu tous les livres critiques à son égard, ri de toutes les caricatures, adorés les films de Michael MOORE et médité les vidéos d'Oussama BEN LADEN."

"C'est la même histoire qui s'est produite le dimanche 06 Mai 2007 en France. Là aussi, les meilleurs analystes s'étaient trompés en prenant les ambitions de la gauche pour la réalité du pays profond. C'est qu'ils ont d'habitude de se préoccuper davantage des déclarations des uns et des autres que d'analyses électorales. Les grandes plumes ne rapportent que ce qui peut les conforter dans leurs opinions. Nicolas SARKOZY a été élu président. Il servira les intérêts de la France, pas ceux des pays Arabes, ni ceux des Etats-Unis. Il y a des réalités qui s'imposent. La France, quel que soit son président, est géographiquement proche du monde arabe et entretient des rapports humains et économiques importants avec lui. C'est pourquoi l'image d'un Sarkozy raciste et hostile aux Arabes ne résiste pas à l'examen. Même si cela devait être vrai, il finira par agir selon les intérêt de son pays, et non en fonction de ses penchants personnels."

D'après Abderrahman Al-Rached,

Asharq Al-Awsat (extraits), Londres

Courrier INTERNATIONAL (10 au 15 Mai 2007)

Avec l'arrivée de Nicolas SARKOZY au pouvoir, la France est amenée à connaître un changement radical principalement au niveau de son système présidentiel et l'exercice de ce pouvoir. Sarkozy compte avoir une mainmise sur les principales institutions politiques en nommant des personnes fièles à lui et qui ne feront pas de leurs ministères respectifs, un ministère fort. Le président compte mettre lui même en place les stratégies à suivre au niveau du ministère des affaires étrangère, de la défense, de la justice et de l'économie. En nommant des personnes peu influentes et qui manquent d'expérience dans leur domaine respectif, le nouveau président compte lui même diriger ces institutions. La délégation du pouvoir semble signifier peu de choses pour lui. M. Fillon risque vraiment d'être éclipsé durant la totalité de son mandat à matignon.

La création d'un conseil à la sécurité nationale, illustre parfaitement l'envie du président de rompre avec le modèle Français, et de calquer le système présidentiel Français sur le système Américain. Le conseiller à la sécurité national (qui sera probablement Jean-David LEVITE), aura une influence importante sur la politique sécuritaire intérieure et extérieure du pays, ce qui peut créer un véritable conflit avec les ministères de l'intérieur et des affaires étrangères.

Ce qu'on peut dire, c'est qu'il faut donner du temps à ce président et son gouvernement pour faire leurs preuves sur le terrain. De nombreux défît attendent la France au niveau intérieur (service minimum, la réforme des retraites, le chômage, la politique fiscale, l'immigration...), mais aussi extérieur (l'Iran, le Darfour, la relance des réformes Européennes, le conflit Israelo-Palestinien, les relations avec les États-Unis...).